PASSIRAC

 

Une Heureuse Nature

 

 

§ HISTOIRE - au fil du temps

Un brin de nostalgie

Nous allons faire un petit voyage dans un temps pas si lointain avec quelques figures passiracaises dont les métiers ont été indissociables de la vie de Passirac.

souvenirs recueillis en 2011 par Anny Bergerolle

 

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¤ l'épicerie du bourg en 1967
¤ l'épicerie du bourg en 1967

Il n'y avait pas besoin de nom pour désigner la petite épicerie de Passirac. Ce commerce, sans doute le plus polyvalent, se situait au centre du bourg à proximité de l'église Saint-Pierre. Le moindre recoin était utilisé afin de proposer un choix étonnant de produits : alimentation, articles de droguerie, mercerie, bonneterie, bazar. 

¤ le restaurant vers 1970
¤ le restaurant vers 1970

L'épicerie faisait également office de bistrot et dépôt de gaz.

Dans cette caverne d'Ali Baba, Bernadette et René Lacombe avaient le secret pour dénicher l'article demandé. 

Une salle de restaurant avait été aménagée sur le côté du bâtiment afin de répondre aux désirs de la clientèle.

¤ Annette devant l'épicerie
¤ Annette devant l'épicerie

Bernadette se mettait aux fourneaux pour régaler les amateurs de cuisine traditionnelle, tandis que René, après sa tournée de facteur, tenait le bar, discutait avec les clients ou évoquait le prochain repas des chasseurs. Les enfants Lacombe (6 filles et 1 garçon) faisaient partie de la brigade pour aider au service des banquets ou autres repas de fêtes.

¤ René Lacombe
¤ René Lacombe

René avait de nombreuses cordes à son arc et on n'hésitait pas à faire appel à lui pour soigner des petits bobos de la vie courante; il n'avait pas son pareil pour faire des piqûres indolores, utilisant des gestes de premier secours pour intervenir également auprès d'animaux en difficulté. Si la mort frappait l'une de ses connaissances, il faisait alors office de "corbillard" pour conduire le défunt à sa dernière  demeure.

 

Cette ambiance bon enfant, le mélange des odeurs, le dring de la porte..., ont disparu de notre quotidien mais sont autant de souvenirs chers au cœur des passiracais.

photos amicalement confiées par Danielle Hilairet née Lacombe et sa soeur Annette.

 

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¤ diplôme de Maître-Artisan - 1991
¤ diplôme de Maître-Artisan - 1991

Guy Landry, originaire de Saint Félix, a suivi une formation de charron-forgeron. Il a 25 ans quand il épouse en 1954 Lucette, originaire de Condéon, et décide de vivre à Passirac afin d'y créer son entreprise.

Il installe une petite scierie au lieu-dit chez Clavurier et débite du bois pour des particuliers. Après deux déménagements, il trouve une maison plus grande au centre du bourg. Sa petite scierie brûle malencontreusement et Guy installe son atelier de menuiserie à côté de sa nouvelle habitation.

¤ atelier de Guy Landry
¤ atelier de Guy Landry

A cette époque, afin d'alléger les corvées de nettoyage, le formica, revêtement stratifié, arrive sur le marché.

Ce produit à la mode connaît un tel engouement que les ménagères passiracaises voulurent toutes avoir une cuisine en formica au détriment des meubles anciens.

¤ modèle réduit de remorque
¤ modèle réduit de remorque

Selon les besoins du moment et la demande des clients, Guy fabrique des meubles de cuisine mais également des remorques en bois et métal à accrocher derrière de petits tracteurs, des brouettes, des charpentes et même des cercueils.  

¤ Guy et une porte de placard
¤ Guy et une porte de placard

La mode du formica passant, Guy reprit le travail de bois massif tandis que Lucette, faisant un peu de couture à domicile, s'occupait de nourrir les ouvriers. En effet, Guy se faisait aider par un ouvrier et un apprenti. La transmission du savoir-faire et des compétences ont toujours été la règle d'or de Guy Landry.

C'est ainsi que bon nombre d'apprentis ont été formés dans l'atelier de Guy afin d'acquérir les connaissances et savoir-faire nécessaires aux métiers du bois, les méthodes de travail, les étapes de fabrication, les outillages, les machines...

Beaucoup d'entre eux, forts de cette formation, ont pu s'installer à leur compte (un est encore en activité à Brossac) et appliquer les bons conseils de leur maître artisan.

  

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¤ coupe d'une ruche
¤ coupe d'une ruche

L'âge de la retraite est maintenant là et Guy Landry s'est pris de passion pour l'apiculture. Grâce à ses connaissances en menuiserie, il a commencé à fabriquer sa première ruche vers 2005. Afin de ne pas gêner la colonie d'abeilles, il eut l'idée de mettre une plaque de verre au dessus de la dernière hausse afin de contrôler que tout va bien à l'intérieur de la ruche.

Une colonie d’abeilles se compose d’une reine unique, de nombreuses ouvrières, femelles, de faux bourdons, mâles, et de couvain, œufs, larves, et nymphes; elle s'installe dans une seule ruche.

La population de la colonie varie suivant les saisons et peut aller jusqu'à 70 000 individus en été pour redescendre à six mille individus en hiver.

 

L'essaimage

Au début du printemps, quelques cellules à reine sont établies, et, une semaine environ avant la naissance des nouvelles reines, l’ancienne reine quitte la ruche, avec la moitié des effectifs de toutes les catégories d’ouvrières, pour former un essaim.

L'essaim part à la recherche d’un abri : il peut lui être fourni par l’apiculteur qui le capture et l’introduit dans une nouvelle ruche, ou bien il retourne à l’état sauvage et trouve refuge dans un arbre, un grenier ou même derrière des volets.

 

Produits de la ruche

Une ruche produit diverses matières dont les vertus sont multiples : 

  • le mielsubstance sucrée produite par les abeilles à partir du nectar des fleurs ou du miellat de pucerons que les abeilles récoltent et entreposent dans les alvéoles de la ruche.
  • la gelée royale, aux vertus anticancérigènes.
  • la cire utilisée pour faire des chandelles et pour l'entretien des meubles en bois.
  • la propolis, concentré d'antibiotique.
  • le pollen, comestible.

réf. : Apiculture Wikipédia 

Photos publiées avec l'aimable autorisation de Luc Viatour

 

 

 

 

La reine peut pondre jusqu'à 2000 œufs par jour.

 

Les milliers d'ouvrières assurent les besoins en nourriture des larves et de toute la colonie.

 

Seuls quelques faux bourdons sont présents pour féconder la reine.

ref :

extrait "Esprit d'ici" n°61 mars-avril 2022

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Comme le gaz et l’électricité n’étaient pas utilisés dans les campagnes pour la cuisson des aliments, il était nécessaire d’avoir recours au charbon de bois.

On faisait appel alors à Eloi Beaudet, le charbonnier.

Fils de Firmin Beaudet et de Marie Nancy Rousse, Eloi, né le 17 mai 1897 à Montchaude en Charente († 31/08/1978 à Passirac) a épousé Julienne Hermine Eglantine Clémence Nauleau et eurent 6 enfants. Il n'avait pas son pareil pour fabriquer du charbon de bois de qualité. Eloi  arpentait les bois de Passirac jusqu’à Chillac afin de sélectionner les arbres à couper; il les dessouchait à la main et les transportait jusqu’à sa cabane construite pour la circonstance dans les bois.

¤ Cheminée
¤ Cheminée

Après avoir débité de longues bûches, pour un séchage régulier, Eloi commençait à monter la meule avec, de préférence, des bois de la même espèce, pour que la combustion soit uniforme et réduise le bois en charbon. La meule était dressée, en laissant un trou au centre ou cheminée; Eloi mettait alors le feu et recouvrait le trou avec de la mousse et des feuilles pour que la combustion se fasse lentement en évitant les courants d’air. Cette opération pouvait durer plusieurs jours sous la surveillance constante d’Eloi qui ouvrait successivement des évents dans les différents points de la meule pour une meilleure répartition de la combustion.

réf. : Fabrication du charbon de bois en Forêt Noire vers 1900 - photos Wikipédia

 

La fabrication du charbon de bois n’était pas la seule activité d'Eloi : dans sa ferme à Brossac, il élevait du bétail qu’il conduisait à pieds aux différentes foires des alentours (Chalais, Barbezieux). Sa petite-fille Marie-Claire se souvient que, quand elle était enfant, elle allait couper les jaugues (ou  ajoncs) dans les bois pour la litière des vaches.

¤ four à pain aux Mansaux
¤ four à pain aux Mansaux

Il cultivait la vigne, il s'occupait de ses arbres fruitiers. Il savait rendre service et mettait à la disposition du restaurant de Passirac son four à pain situé aux Mansaux pour y cuire les tartes, les rôtis, les poulets ou autres victuailles.

 

¤ Eloi Beaudet
¤ Eloi Beaudet

A l'occasion du mariage de sa petite-fille, Eloi y fit cuire un mouton entier afin de régaler tous les convives invités à la noce.

Eloi Beaudet était un bon vivant et aimait s’entourer de ses amis pour leur faire déguster le vin qu’il cultivait dans ses vignes.

 

En 2010, les méthodes de montage de la meule sont restées identiques et vous pouvez découvrir sur le site de Johan le charbonnier le film de cette fabrication à Champsicourt (Aube).

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Jeune dans son cœur et avec une excellente mémoire, voici Camille SIEUW que tous appellent Marcel. Passant devant le Chatelard, vous le croiserez accompagné de son épagneul breton Bissou.

Agé de 86 ans, Camille porte un amour particulier à  son village de Passirac et égrène quelques souvenirs :

Son père, Louis Sieuw, nom d'origine belge, (né le 2 juillet 1897 à Warneton en Belgique, † 29/07/1951 à Passirac) et Alice sa mère, étaient métayers à Sainte-Souline, petit village de 250 habitants environ à l'époque où il passa sa petite enfance. Ses parents viennent s'installer à Passirac, il a 8 ans. A partir de 16 ans, Camille travaille sur les terres du Chatelard comme ouvrier agricole. Il est à la fois bûcheron, charron; il remplace les vachers, travaille la vigne, participe aux moissons, entretient les jardins et connaît tous les métiers de la ferme. A cette époque, la propriété du Chatelard couvrait environ 480ha  et employait une douzaine d’ouvriers parmi lesquels un jardinier en charge d'un jardin de 5000m2, deux vachers. Une cuisinière et une femme de chambre faisaient l'entretien du château.

¤ Calendrier, extrait du Rustican de Pietro  de Crescenzi - agronome italien (1230-1320 ou 21) -  musée Condé à Chantilly
¤ Calendrier, extrait du Rustican de Pietro de Crescenzi - agronome italien (1230-1320 ou 21) - musée Condé à Chantilly

En 1944, Camille décide de s'engager dans l'armée et est affecté à Périgueux au 50ème régiment d'artillerie de campagne, la brigade RAC, sous les ordres du capitaine Gallot-Lavallée. Il participe aux opérations sur Royan - Oléron - La Forêt de la Courbe (près du zoo de la Palmyre). Suivent des manœuvres dans les Deux-Sèvres et la direction de l'Allemagne, sud de Mayence dans un  premier temps puis la Forêt Noire au cours desquelles quatre pièces de 75 long + un canon 75 de campagne furent utilisés. Le 2 janvier 1946, Camille est démobilisé au Carillon de la Tour à Bordeaux.

Camille rencontre Charlotte Villeneuve, née à Sainte-Souline, et le mariage est prononcé à Passirac le 26 septembre 1953. De leur union naîtront 10 enfants, six garçons et 4 filles. Un des garçons, André, décèdera malheureusement dans un accident, Mauricette disparaîtra également des suites d'une chute de vélomoteur.

 

archives municipales

documents publiés avec l'aimable autorisation de Camille Sieuw

A ce jour, Camille est entouré de :

  • Jacky, artisan-maçon
  • Noël, commerçant en fruits et légumes 
  • Jean-Louis, ouvrier agricole
  • Camille, ouvrier municipal
  • Alain, ouvrier municipal 

et de ses 3 filles :

  • Joëlle, travaille avec son mari sur leur exploitation viticole
  • Annie, technicienne de surface à la base de Cognac
  • Alice, femme de ménage chez des particuliers 

Une belle famille comme il en existe de moins en moins, élevée avec des moyens modestes mais beaucoup d'amour. C'est la richesse du cœur qui prédomine, avec le sourire magnifique et malicieux de Camille ou Marcel, particulièrement lorsqu'il nous parle de ses premières chasses au lièvre, lapin, faisan ou perdrix avec...son fusil à piston

¤ détail d'un fusil à piston
¤ détail d'un fusil à piston

qui se chargeait par la sortie du canon; fusil à chiens qui parfois partait tout seul et que l'on ne pouvait pas décharger si le coup n'avait pas été tiré.

¤ sa canne
¤ sa canne

Depuis 1990, après une vie de travail bien remplie, Camille profite de sa retraite.

Il se déplace avec quelques difficultés mais aidé de sa canne juste à sa main, branche de pin ramassée au cours de ses promenades, il s'oblige à faire son petit tour quotidien pour se maintenir en forme. Lorsqu'on lui demande quelles sont ses occupations, avec un sourire malicieux, il répond : je ne fais rien, je me promène...

 

Ce doit être ça le bonheur.   

"il a soigné la forêt et la forêt lui a donné une canne pour ses vieux jours"

¤ Camille et Bissou - juin 2011
¤ Camille et Bissou - juin 2011

souvenirs recueillis en Juin 2011 par Jean Bergerolle

 

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