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Une Heureuse Nature
Le protestantisme en Saintonge, Aunis et Poitou
Le protestantisme ou le christianisme protestant regroupe l'ensemble des courants religieux chrétiens sortis du catholicisme qui ont pris naissance en Europe lors de la Réforme sous l'impulsion de théologiens tels que Martin Luther, Jean Calvin, Jan Hus, Ulrich Zwingli et Lefèvre d'Etaples, et bien d'autres.
Le terme "protestant" est utilisé pour la première fois en 1559, quand les seigneurs et les villes qui suivaient la doctrine de Martin Luther se sont déclarés contre les décisions prises par la diète impériale à Spire à majorité catholique. Les protestants français, d'abord appelés luthériens par leurs adversaires, seront ensuite nommés par dérision huguenots, puis religionnaires. Il s'agit de l'abréviation de "ceux de la Religion prétendue réformée", appellation officielle du protestantisme dans les actes royaux.
La propagation de la Réforme protestante se fait très rapidement en Aunis, Saintonge et dans le Poitou, tout comme en Bretagne et en Anjou.
Ce sont d'abord des moines-prêcheurs qui répandent l'hérésie luthérienne, prêchent la nécessité d'une réforme de l'Eglise et d'un retour à l'idéal évangélique. Parmi eux, citons Philibert Hamelin qui, contraint à l'exil, se réfugie à Genève où il exerce le métier d'imprimeur. Il reviendra en Charente en tant que pasteur en 1554. Pendant deux ans, il évangélise le Bas-Poitou. Pour ce faire, il se mêle aux paysans, et les instruit à leur moment de repos, à l'ombre d'un arbre, ou d'une haie. Il exerce son ministère à Saintes puis dans la presqu'île d'Arvert (septembre 1555) dont il organise la première église, et enfin dans l'Ile d'Oléron. Mais, le roi François Ier s'inquiète et demande des sanctions qui vont jusqu'aux peines de prison pour tous ceux qui prêchent les idées de Luther, ou même jusqu'à la condamnation à mort.
Malgré l'intervention de ses amis, dont Bernard Palissy, qui ont cherché à le sauver, Philibert Hamelin sera exécuté le 12 avril 1557.
La région n'est pas épargnée par les guerres civiles qui déchirent la France de 1562 à la fin du siècle.
Le Poitou, pris en tenaille entre Tours et Amboise, la haute Bretagne et le Béarn gagnés à la Réforme, sera un des hauts lieux de la propagation du protestantisme, des guerres de Religion et de leurs conséquences. La soumission de La Rochelle, le 28 octobre 1628, marque la fin du protestantisme militaire. Cependant, les seigneurs cultivés et voyageurs pour la guerre ou le loisir, entraînant leur entourage et leur domesticité, les élites et les commerçants, vont concourir à entretenir la vitalité du protestantisme de l’Ouest, en relation avec les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Angleterre.
Malgré l’exil massif qui a suivi la Révocation en 1685, la présence protestante dans la région reste forte jusqu’à la Révolution. Les protestants obtiennent la liberté d’état civil en 1787. La liberté officieuse du culte, établie en 1789, devient officielle en 1795 et est confirmée en 1905. Au cours du XIXe siècle, des colporteurs et des évangélistes participent à la renaissance de ce culte dans toute la région.
réf. : 1
1569- Délit de protestantisme
"...Une liste de 579 condamnés à mort a été établie en date du 6 avril 1569 par le parlement de Bordeaux, reprenant sans distinction de qualité, sans ordre et sans catégorie, les nobles, les ouvriers, les capitaines, les soldats, les femmes, les moines, les ministres, les juges, les sergents, etc., du Bordelais, des Landes, de la Saintonge, de l’Agenais, de l’Angoumois et du Périgord.
L’arrêt, après avoir visé une quinzaine d’informations, autant d’arrêts et beaucoup de lettres particulières, déclare tous les
accusés condamnés par contumace. Cependant, il y a une certaine différence dans l’application de la peine.
Les nobles sont condamnés à être traînés sur une claie; à voir leurs armoiries attachées à la queue d’un cheval, puis rompues et brûlées. Tous, nobles ou non, sont condamnés à avoir la tête
tranchée et placée au bout d’une lance sur les portes de la ville; tandis que leurs corps, coupés en quartiers, doivent être pendus aux fourches patibulaires; ils sont en outre condamnés
solidairement aux frais du procès, à la réparation des églises et autres monuments qu’ils ont détruits; à la restitution des reliques enlevées ou au payement de leurs prix; à la confiscation de
leurs fiefs et autres biens; à voir leurs villes, châteaux et maisons rasées; et à payer l’érection de trois croix à Bordeaux, à Pons et à Saintes, portant, gravé sur une plaque de bronze, le
sommaire de l’arrêt de leur condamnation.
Cependant, la sentence n'a pas été exécutée..."
réf. : 2